viernes, 21 de enero de 2011

Arde París / Paris brûle


París, 1888

Caía un diluvio en las calles de París y veía desde la ventana del coche cómo la gente se daba prisa para evitar las trombas de agua. Cuando el coche se detuvo delante del edificio donde vivía, cogí una respiración y brinqué fuera. En dos pasos estuve bajo el porche, a salvo de la ira celestial.
Estaba empezando a subir las escaleras cuando oí un gemido muy débil. Divisé una forma en un rincón. Me acerqué de lo que parecía unos harapos tirados al suelo.

La joven estaba pálida y totalmente empapada. Parecía tener fiebre. Sus ojos no me veían, pero yo no podía ver nada que no fuera ella. Quité mi abrigo y me arrodillé para dárselo.
De repente, se puso a sollozar, sin parar. La tormenta de fuera era una simple llovizna en comparación.  Me quedé mirándola. Horas y horas. Cuando empezó a anochecer, movido por un ímpetu muy poco habitual, le di un beso en la boca y dejó de llorar. Sus ojos cristalinos me miraron con sorpresa, como si ella se despertara, pero permaneció callada.
Avergonzado por este comportamiento tan poco digno de un hombre de mi clase, me levanté, espantado por lo que acababa de hacer y huí hacia mi apartamiento, corriendo estrepitosamente en las escaleras.

En el medio de la noche, mi conciencia me despertó. ¿Cómo podía haber dejado fuera a una pobre muchacha, seguramente enferma? ¿Cómo no le había ofrecido mi hospitalidad? ¿Qué clase de sinvergüenza era? ¡No era un hombre de bien!
Salté de mi cama, me puse una bata, cogí un candelabro y bajé las escaleras, rezando el cielo para que la pobre chica no hubiera padecido demasiado de mi cobardía.





-          ¿Por qué en vez de llevarme a tu habitación te sentaste a mi lado y te pusiste a dormir? Un porche no es el mejor lugar para eso, ¿no crees?
-          Ya lo sé. Pero, últimamente me han pasado cosas extrañas.
-          ¿Y estás seguro que no quieres saber por qué estaba llorando?
-          Totalmente seguro.
-          ¿Tuviste miedo de mí?
-          Miedo no. Pero cuando te vi sentada en el suelo, apoyada contra la pared con aquella extraña expresión de…
-          ¿De?
-          De bondad. Me entraron ganas de arrodillarme a tus pies y adorarte.
-          ¿Y por qué no lo hiciste?
-          No lo sé. Últimamente me han pasado cosas muy extrañas.
-          Estate tranquilo, cariño. Ahora estoy contigo y no te pasará nada malo.
-          Ahora, ¿te puedo hacer una pregunta yo?
-          Claro.
-          ¿Sabías que iba a volver?

Como respuesta, me dio un beso en la boca, se levantó y se marchó. Sin huir, y sin parar de sonreírme.

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Paris, 1888

Un déluge inondait les rues de Paris et je regardais depuis la fenêtre de la voiture comme les gens se dépêchaient afin d'éviter les trombes d'eau. Lorsque la voiture s'arrêta devant l'immeuble où je vivais, je pris une inspiration et bondis au dehors. En un pas j'étais sous le porche, à l'abri de la colère céleste. 
J'étais en train de monter les escaliers quand j'entendis un très faible gémissement. J'aperçus une forme dans un coin. Je m'approchai de ce qui paraissait être des haillons jetés par terre. 

La jeune femme était pâle et mouillée de la tête au pied. Elle paraissait avoir de la fièvre. Ses yeux ne me voyaient pas mais en ce qui me concernait, je ne pouvais rien voir d'autre qu'elle. Je m'enlevai le manteau et m'agenouillai pour le lui donner.
Soudain, elle se mit à sangloter, sans s'arrêter. L'orage au dehors était une simple bruine en comparaison. Je restai à la regarder. Pendant des heures. Quand la nuit tomba, mû par un élan très inhabituel, je l'embrassai sur la bouche et elle s'arrêta de pleurer. Ses yeux cristallins me regardèrent avec suprise, comme si elle venait de se réveiller, mais elle n'ouvrit pas la bouche.
Honteux d'un comportement si peu digne d'un homme de mon rang, je me levai, affolé par ce que je venais de faire et me dirigeai en hâgte vers  mon appartement, en montant les escaliers quatre à quatre, très bruyamment.

Au milieu de la nuit, ma conscience me réveilla. Comment pouvais-je avoir abandonné à son sort une pauvre fille, très certainement malade de surcroît ? Comment ne lui avais-je pas offert l'hospitalité ? Quel genre de malotru étais-je ? Je n'étais pas un homme de bien !
Je sautai hors de mon lit, revêtis une robe de chambre, pris un chandelier et descendis les escaliers, priant le ciel pour que la pauvre fille n'ait pas trop souffert de ma lâcheté.

- Pourquoi, au lieu de me conduire dans ta chambre, t'es-tu assis à mes côtes et t'es-tu mis à dormir ? Un porche n'est pas le meilleur endroit pour ça, tu ne crois pas ?
- Je sais bien. Mais dernièrement, il m'arrive des choses étranges.
- Et tu es sûr que tu ne veux pas savoir pourquoi je pleurais ?
- Absolument certain.
- Tu as eu peur de moi ?  
- Peur, non. Mais quand je t'ai vu assise par terre, appuyé contre le mur avec cette étrange expression de...
- De ?
- De bonté. J'ai eu envie de m'agenouiller à tes pieds et de t'adorer. 
- Et pourquoi tu ne l'as pas fait ?
- Je ne sais pas. Dernièrement, il m'arrive des choses étranges.
- Sois tranquille, mon chéri. Maintenant je suis avec toi et il ne t'arrivera rien de mauvais.
- Et maintenant, je peux te poser une question à mon tour ?
- Bien sûr.
- Est-ce que tu savais que j'allais revenir ?        

En guise de réponse, elle m'embrassa sur la bouche, se leva et s'en fut. Sans fuir et sans arrêter un instant de me sourire. 

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